S’il est une coquetterie dans l’architecture du XXe siècle, c’est peut-être la piscine privée. Après avoir présenté les expositions « Landskating » et « La boîte de nuit », la Villa Noailles, lieu atypique de la création contemporaine, poursuit son incursion dans les singularités architecturales. Elle-même construite entre les deux premières guerres mondiales par l’architecte Robert Mallet-Stevens, la Villa Noailles est marquée par l’ambivalence. Entre projet démesuré, économiquement gourmand, et grande utopie de villa-ville collectiviste, dédiée au bien-être. Comme nombre de villas luxueuses du XXe siècle, la Villa Noailles a ainsi sa propre piscine privée. Et son exposition « Domestic Pools » [Piscines privées] se penche à son tour sur quelques occurrences de ce signe d’opulence si emblématique d’une époque. En témoigne la peinture de David Hockney, qui aura en partie fait de la piscine domestique californienne le cœur de son œuvre.

Exposition « Domestic Pools » : l’évolution architecturale du design des piscines privées

D’Alvar Aalto à Ricardo Bofill, d’Adolf Loos à la piscine de la Villa Dall Ava (de Rem Koolhaas), sans oublier Philippe Rahm… La piscine privée s’est invitée dans le cahier des charges des architectes modernes et contemporains. Avec, à la clef, une évolution dans le design de ces bassins dévolus à la baignade. Ainsi qu’un glissement progressif : du luxe absolu à un luxe se rendant accessible aux classes moyennes. Soit une transition reposant notamment sur des techniques et matériaux de construction en perpétuelle évolution. Objet de convoitise, élément emblématique d’une époque conjuguant hygiénisme et divertissement, dans un contexte d’abondance (en eau potable, notamment), la piscine privée fait encore rêver. Et l’exposition « Domestic Pools » plonge ainsi dans les cultures et représentations attachées à ces éléments de distinction.

La piscine domestique, du luxe à la production industrielle : un défi architectural

Au fil de photographies et représentations, l’exposition « Domestic Pools » scrute l’évolution des dispositifs architecturaux dédiés à la baignade. Du début du XXe à ce début de XXIe : un siècle de design, entre expérimentation et industrialisation. Parmi les projets mis en lumière se compte notamment la piscine de la Villa Noailles elle-même (par Robert Mallet-Stevens). Ou encore des pièces conçues par l’architecte californienne Julia Morgan (1872-1957), auteure du luxueux Hearst Castle. Plus contemporain, l’architecte Philippe Rahm développe quant à lui un travail attentif à la physiologie contextualisée. Effet de la lumière sur le métabolisme (Diurnism), recyclage de l’eau (Different States of Water)… Les piscines contemporaines de Philippe Rahm déplacent elles aussi les perspectives. Andreas Angelidakis, Arquitectonica, Richard England, Ensamble, Didier Faustino, Manuel Aires Mateus, Julien Monfort, MVRDV, Office KGVDS… L’exposition « Domestic Pools » réussit ainsi à faire miroiter différentes facettes de ce luxueux objet du désir.

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